Suivant les directions sur votre carton d'invitation, vous êtes finalement arrivé au Manoir Morgenstern. Un valet au teint pâle vous ouvre la porte et vous fait signe d'entrer, l'air blasé, puis referme la porte derrière vous. Le hall d'entrée est illuminé par des dizaines de chandeliers et plusieurs lustres. Au fond se trouvent deux grands escaliers qui mènent à l'étage et en leur centre est un portrait géant d'un être aux teint blafard. Il pose fièrement, se tenant le dos droit, la tête haute et le torse bombé. Sa crinière revenant légèrement vers l'avant lui donne les airs d'un lion. Il porte un complet gris et des gants de cuir noir. Son regard semble posé directement sur vous. "C'est ridicule, pensez-vous, il ne s'agit que d'une peinture..."
Le majordome vous guide en haut des escaliers, vous mène au travers de nombreux corridors et s'arrête devant une double porte en chêne. "Le maître vous attend" dit-il platement. "Vu votre retard, aussi léger soit-t-il, vous feriez bien d'être modeste. Maitre Morgenstern pourrait prendre offense de toute autre attitude. " Sans vous laisser le temps de répondre, il ouvre la porte.
La pièce se dressant devant vous ressemble davantage à une bibliothèque qu'à un bureau. La pièce sombre en demi-cercle dégage une atmosphère lourde, voire morbide. L'éclairage est fait par de nombreuses bougies disposées ici et là. Les seules fenêtres recouvrent le mur directement en face de vous, le seul qui soit droit, mais seul celles du centre sont visibles, les autres étant cachées derrière d'immense rideaux rouge. Les murs sont invisibles, remplacés par nombre de livres, tomes et manuels posés proprement sur de gigantesques bibliothèques. Les grandes structures de bois donnent à la pièce un air beaucoup plus petit, plus fermé. Elles se dressent à la place des murs tel des gardiennes silencieuses, surveillant un faux mouvement pour ensuite s'écrouler sur le fautif. Au centre de la pièce se dresse un grand bureau d'ébène. Sa surface lisse et polie a un air froid que même les nombreuses chandelles déposées ne peuvent réchauffer.*
"Vous êtes en retard, visiteur, un tel manque de rigueur est intolérable" dit le monstre immortel se trouvant derrière le bureau. Vous remarquez sans surprise que c'est l'homme du portrait. Il porte même uncomplet identique à celui de la peinture et la même paire de gants. La seule différence est qu'en personne il semble plus aggressif et l'inconfort ressenti en regardant le portrait est accru de nomreuses fois par sa présence et l'air lourd de la pièce. "Si je suis pour vous présenter au Prince, vous devrez d'abord apprendre les bonnes manières. Maintenant pour vous faire pardonner, montrez-moi ce grimoire que vous avez apporté."
